Face à la multiplication des offres de croquettes et de solution d’alimentation pour chien sur le marché, il peut forcément être difficile de s’y retrouver. Parmi toutes ces offres, on retrouve certaines recettes très faibles en glucides. Et si vous pouvez avoir entendu dire que les chiens n’ont pas forcément « besoin » de glucides dans la formulation de croquette, celles-ci peuvent tout de même avoir des bénéfices pour vos compagnons. Mais alors, comment se passe l’intégration de glucides dans les croquettes pour chiens et quel est leur rôle ? Réponse dans cet article par WOLFOOD !
Les glucides sont-ils importants dans l'alimentation du chien ?
Contrairement aux idées reçues, ni le chien ni l’humain n’ont de besoin physiologique strict en glucides. Aucun glucide n’est « essentiel » : l’organisme peut produire le glucose nécessaire via la néoglucogenèse (à partir d’acides aminés et de glycérol). En cas de faible apport glucidique, il s’adapte en utilisant des corps cétoniques issus de l’oxydation des graisses.
Cela dit, l’absence de besoin ne signifie pas que les glucides soient inutiles. Bien choisis et bien préparés, ils sont parfaitement tolérés par le chien et peuvent même avoir des rôles bénéfiques.
Plus que des calories : des fonctions nutritionnelles
Les glucides ne servent pas seulement à fournir de l’énergie. Ils jouent plusieurs rôles :
- Les fibres alimentaires (solubles et insolubles) régulent le transit intestinal, nourrissent le microbiote et contribuent à la satiété.
- Certains amidons modulent la glycémie postprandiale (le taux de sucre après le repas) et influencent le métabolisme lipidique.
- D’autres améliorent la texture, l’appétence et la digestibilité des croquettes.
Les glucides bien sélectionnés deviennent donc de véritables outils nutritionnels et fonctionnels.
La présence des glucides dans les croquettes pour chiens
Les croquettes pour chiens sont fabriquées par extrusion (cuisson sous pression et température). Ce procédé nécessite une source d’amidon pour donner leur forme, leur croustillant et leur cohésion.
C’est pourquoi il n’existe pas de croquette sans glucides. Même les recettes dites sans céréales contiennent des glucides, souvent issus de pomme de terre, patate douce, pois, lentilles ou manioc.
⚠️ À noter : l’étiquetage européen n’impose pas d’indiquer la teneur en glucides. Elle est calculée par différence sur des valeurs moyennes souvent théoriques, ce qui génère des approximations. Une croquette peut avoir un taux réel en glucides parfois très éloignée des résultats théoriques obtenus.
Le taux de glucides d’une croquette est estimé par différence, selon la formule suivante : 100 – % de protéines – % de matières grasses – % de matières minérales – % de fibres brutes – % d’humidité. Ce calcul, appelé NFE (Nitrogen-Free Extract), donne une idée globale des glucides présents (le total d’amidon, de sucres et une partie des fibres solubles), mais il reste très approximatif.
D’une part parce que les fibres « brutes » mesurées en analyse sous-estiment la vraie teneur en fibres alimentaires totales, ce qui conduit à surestimer le % de glucides ; et d’autre part, car les arrondis des valeurs nutritionnelles et les variations d’humidité peuvent décaler le résultat de plusieurs points.
Surtout, ce chiffre ne renseigne en rien sur ce qu’apportent les glucides dans l’aliment à savoir la qualité de l’amidon ni de sa vitesse d’absorption ou digestibilité. Deux croquettes affichant le même taux de glucides peuvent avoir des effets très différents sur la digestion et la glycémie, selon que la source provienne de pomme de terre, de riz ou de patate douce, et selon le degré de gélatinisation obtenu lors de l’extrusion.
Cette mention n’apporte également aucune information sur les apports en fibres solubles et semi-solubles pourtant bénéfiques pour la bonne santé de l’animal. Ainsi, plus que le pourcentage calculé, c’est bien la nature des glucides, leur traitement technologique et l’équilibre global de la recette qui doivent guider le choix d’un aliment.
Mais pour que le chien puisse profiter des possibles intérêts des glucides, il faut au préalable rendre les glucides dans les croquettes pour chiens digestibles. Alors, comment s’y prend-on ? Réponse !
La digestibilité des glucides dans les croquettes
Comme nous l’avons vu plus tôt, les glucides sont présents dans toutes les croquettes et peuvent avoir un intérêt pour votre compagnon à quatre pattes… à condition, évidemment, que ceux-ci soient rendus parfaitement digestibles. Et c’est ici que la discussion prend toute sa subtilité. Car si tous les glucides ne sont pas égaux sur le plan nutritionnel, leur digestibilité varie elle aussi en fonction de leur nature et de leur préparation.
L’amidon, présent dans les céréales, les pommes de terre ou les légumineuses, est naturellement peu digestible pour le chien, comme pour nous ! Aucun être vivant ne valorise les pommes de terre si données crues. Toutefois, la cuisson par extrusion permet de le gélatiniser, c’est-à-dire de le transformer en une forme que l’organisme canin peut mieux assimiler. Cette transformation est une étape essentielle, car un amidon non gélatinisé passe mal la barrière digestive et peut provoquer des troubles.
Un amidon bien cuit peut être parfaitement toléré, à condition de ne pas dépasser la capacité enzymatique du chien à le digérer. Cette capacité varie selon les individus, leur âge, leur état de santé et leur niveau d’activité.
Glucides et surpoids chez le chien : démêler le vrai du faux
Les glucides ne font pas « plus grossir » que les protéines. C’est l’excès calorique total (toutes sources confondues) qui conduit à la prise de poids. Le risque d’une croquette trop riche en amidon est plutôt indirect : plus la part de glucides est élevée, moins il reste de place pour les protéines, essentielles au chien.
Chez un chien en surpoids, les besoins en protéines sont accrus : il faut préserver la masse musculaire tout en réduisant la densité énergétique de la ration. Un aliment riche en protéines et plus modéré en graisses est alors préférable à une simple réduction des glucides.
On notera également qu’il faut différencier les glucides digestibles (l’amidon, source d’énergie) des fibres alimentaires, souvent confondues avec les premiers. Les fibres, insolubles ou solubles, ont des fonctions précises : elles modulent le transit intestinal, nourrissent certaines bactéries du microbiote, et contribuent à la santé du côlon. Leur présence dans les croquettes, en quantité modérée et bien choisie, est donc bénéfique.
L’excès de glucides, en revanche, peut déséquilibrer l’alimentation : trop de glucides signifie souvent moins de protéines animales, un ratio énergie-protéine moins favorable, et un impact potentiel sur le métabolisme du chien. Chez certains individus sensibles, cela peut favoriser des troubles digestifs, voire des déséquilibres glycémiques. Mais encore une fois, ce n’est pas en glucide en lui-même qui est à blâmer, mais la manière dont il est intégré à la recette.
Les fibres dans les croquettes pour chiens : un atout sous-estimé
On entend souvent que les glucides ne servent qu’à « remplir » les croquettes ou qu’ils sont responsables du surpoids. En réalité, certains glucides sont précieux car ils apportent des fibres solubles et semi-solubles, aux effets prouvés sur la santé digestive et métabolique du chien. Ainsi, parmi les bénéfices nutritionnels des fibres, on peut noter tout d’abord parler de la régulation du transit intestinal. Les fibres insolubles stimulent le passage dans le tube digestif, évitant la constipation et les selles trop molles.
Les fibres solubles fermentescibles nourrissent les bonnes bactéries intestinales, produisant des acides gras volatils (AGV) bénéfiques pour le côlon et l’immunité, et nourrissent ainsi le microbiote. Elles jouent en outre un rôle dans le contrôle de la glycémie. En ralentissant la digestion de l’amidon, certaines fibres limitent les pics de glucose sanguin après le repas.
Enfin, on notera que les fibres augmentent le volume du bol alimentaire et procurent un effet coupe-faim naturel, ce qui aide à réguler l’appétit des chiens stérilisés ou peu actifs.
Des sources de fibres intéressantes en petfood
Dans les croquettes premium, plusieurs ingrédients sont utilisés pour enrichir la recette en fibres bénéfiques :
- Pulpe de betterave : riche en fibres solubles et insolubles, elle améliore la consistance des selles et nourrit le microbiote.
- Psyllium : forme un gel visqueux dans l’intestin, régulant à la fois diarrhées et constipations, tout en favorisant la satiété.
- Pulpe de chicorée : riche en inuline et fructo-oligosaccharides (FOS), elle agit comme un puissant prébiotique, stimulant la croissance des bactéries bénéfiques du microbiote.
- Parois de levures : apportent des mannane-oligosaccharides (MOS) et des β-glucanes, connus pour moduler le microbiote et renforcer la réponse immunitaire.
L’amidon, une source d’énergie efficace
S’il est souvent uniquement considéré comme un liant technologique nécessaire à la fabrication des croquettes, l’amidon, le composant principal des glucides, est aussi une source d’énergie parfaitement utilisable par le chien.
Lorsqu’il est correctement cuit et gélatinisé au moment de l’extrusion, il devient hautement digestible (>95 %) et fournit un carburant rapide et disponible. L’amidon permet ainsi de couvrir une part de l’énergie quotidienne tout en épargnant les protéines, qui peuvent alors remplir leur rôle essentiel de maintien et de renouvellement des tissus musculaires.
Les glucides, ne sont pas des « remplisseurs », mais de véritables ingrédients santé. Correctement sélectionnées et intégrées, ces fibres soutiennent la digestion, la flore intestinale, l’immunité et la gestion du poids, confirmant qu’un glucide bien choisi peut être un atout majeur en nutrition canine.
Ils ne sont pas essentiels au sens biologique, mais ils sont devenus indispensables en formulation de croquettes, et très utiles sur le plan nutritionnel. Leur présence est d’abord technique, principalement nécessaire à la fabrication d’un aliment sec, son appétence, sa bonne tenu et digestibilité. Et leur impact nutritionnel dépend étroitement de leur nature, de leur traitement, de leur proportion et de l’équilibre global de la recette.
Plutôt que de traquer le moindre gramme de glucide, il est donc plus pertinent de s’intéresser à la qualité des matières premières, à la place réservée aux protéines animales, et à la capacité digestive de votre chien.
Un chien nourri avec une croquette bien formulée, bien digérée et adaptée à ses besoins vivra très bien en présence de glucides même en quantité importante !
